Il faisait froid, mais il neigeait pas. Pas cool.
Par contre la veille c'était dimanche et il avait été à l'Eglise. C'est cool.

Emmitouflé dans son manteau, nez dépassant tout juste de son épaisse écharpe, Pologne marchait dans les rues de Cracovie. Marchant d'un pas lent, il ne croisait pratiquement personne. Pas la saison des touristes.
Parce que oui, il y a une saison des touristes chez Pologne, quand bien même il aime pas les étrangers.
Un léger vent souffla et un frisson parcouru son dos. Il enfonça un peu plus ses mains dans ses poches. Son regard vert caractéristique-yeux quasi-mi-clos - glissa le long des murs sombres des immeubles. Sont pas fous, les polonais, toutes les fenêtres étaient fermées. Scrouic scrouic scrouic faisaient ses semelles en touchant le sol. En rythme un plus, c'est classe.
Pologne aimait bien cette ville. Il y avait encore des vielles maisons. ça rappelait le passé, puis, il la trouvait jolie. Varsovie, c'était genre tout reconstruit, style moderne. Pas cool. ça perd un peu de son âme, une ville comme ça.
La lumière était faible, grisâtre, quand bien même c'était la pleine journée. Le ciel était couvert d'un voile uniforme de nuages. S'il ne neigeait pas encore, ça n'allait peut-être pas tarder.
Pologne n'avait pas de destination particulière. Il avait juste eu envie de marcher un peu. C'est ainsi que ses pas le firent déboucher sur la place du marché de Cracovie. Vide, si l'on excluait la foule de pigeons qui ne quittaient jamais réellement le lieu. Tant mieux qu'il soit arrivé là en fait, il commençait à avoir faim. Et, en bon flemmard qu'il était, il ne pouvait pas manger et marcher en même temps. Trop compliqué. Le blond se dirigea alors vers un banc sur lequel il s'assit. Il remarqua une petite fille qui courrait, non loin, sur la place. Il entendait son rire de petite fille résonner tandis qu'elle s'amusait à faire s'envoler les pigeons lorsqu'elle allait vers eux.

-Arrêtes ça petite!- se dit entendre une femme, de sa voix légèrement tremblante par l'âge, le dos voûté, la tête caché sous son foulard sombre.

L'enfant arrêta de courir et croisa les bras, une moue boudeuse sur le visage alors que la femme repartait. Ce n'était pas quelqu'un qui la connaissait. Et pour qu'une enfant de son âge soit autorisée à être dehors comme ça, il devait sans doute y avoir ses parents qui la surveillaient depuis l'une des fenêtres alentours.
Pologne sorti un paquet de paluski de son manteau et commença à manger. C'est alors qu'il senti un regard posé sur lui. En effet, la petite fille l'observait avec ses grands yeux, et se dirigea vers lui. Il salua d'un bref geste de la main. -Yo.-

- 'jour ...tu peux m'en donner dis?- annonça la petite en tendant sa main couverte d'une moufle vers le paquet de biscuits. Pologne gonfla une joue -T'es genre, totalement gonflée toi. Bah allez, genre, assied toi.-
La petite brune sourit, tapant ses deux mains dans un "spoutch" étouffé par le tissu de laine, avant de grimper sur le banc et s'assoir à côté de Feliks, balançant les deux pieds dans le vide. Il lui tendit un paluski qu'elle attrapa entre ses deux mains puis, se mit à le grignoter, fixant la place et les pigeons, sourcils froncés.
-Tu bouges, genre, totalement ...heeeu...toilà genre ?-
-J'm'appelle pas toilà mais Alicja! Et puis c'est pas juste, je voulais juste jouer.- avec une moue de plus belle.
- Ouai bah A-li-cja genre c'est normal qu'elle ai été grave vénère la vielle, c'est parce qu'il faut pas embêter ces pigeons.-
La brunette écarquilla les yeux de surprise :-Il faut pas? Mais c'est que des pigeons...-

Feliks posa la boite sur le banc et se leva d'un bond :-J't'arrêtes genre totalement, c'est pas QUE des pigeons! Ils sont GRAVE importants même!- Ponctua-t-il avec de grands gestes de bras.

Alicja sautilla légèrement sur le banc:-Ah bon???? Pourquoi??-

Pologne afficha un grand sourire et rejeta son écharpe par dessus son épaule: -C'est geeenre une histoire qui date pas mal. -la petite s'installa mieux et commença à grignoter un autre paluski alors que Feliks commençait son récit:

-C'était il y a genre graaaaaave longtemps. La Pologne c'était un hyper grand royaume. Et le roi, c'était un roi super puissant et super aimé. A sa mort, il a partagé le territoire entre ses cinq fils héritiers. Et c'était la loose parce que le pays commençait à se séparer petit à petit. Alors, l'un des fils, a voulu genre, redonner la force au pays en faisant une super grande armée! Mais, il avait besoin d'argent, et il en avait totalement pas assez. Donc, genre, comme il avait grave du mal et qu'il désespérait, on lui dit d'aller voir une sorcière à Cracovie qui pourrait, genre, totalement l'aider. Alors, le prince alla, genre, la voir. Et la sorcière accepta de l'aider à une condition. Il fallait que genre, il la laisse totalement transformer ses meilleurs soldats en pigeons, et que lui, après la guerre, reviennent avec l'argent gagné pour qu'il le lui rende et à ce moment seulement elle re-transformerait genre totalement les pigeons en humains. Comme il avait pas trop le choix, le Prince accepta, genre, totalement. Les meilleurs soldats devinrent des pigeons et ils attendirent sur la place, genre, le retour du prince. Celui-ci alla donc à la guerre avec sa grande armée. Le pays était genre redevenu entier, fort et tout mais, sur le retour, le prince fut totalement tué en traître! Alors, il ne pu jamais revenir, et les chevaliers attendent encore un roi qui les ferait totalement redevenir humains. Voilà! ... Hééé genre! Pourquoi tu pleures???-

-C-c-c'est parce que... les pauvres chevaliers!- Chouina la petite en s'essuyant les yeux de ses moufles.

-Baaah t'en fais, genre, totalement pas. -annonça Feliks en revenant vers elle. -Tu vois, y a genre rien qui dit qu'il y aura pas de roi qui va venir libérer les chevaliers. J'suis même sûr que ça va totalement arriver!-

-...Les chevaliers vont revenir?-

-Carrément!-

- ...Et je serai une princesse?-

Pologne rit un peu avant d'annoncer:-Totalement une princesse!- avec un grand sourire qui ranima celui de la brunette. Feliks rattrapa le paquet de paluski et le posa dans les mains de la fille -Tu peux, genre, totalement le garder.-
Alicja le remercia avant de filer, sautillant joyeusement.

Pologne la perdit de vue et se rassit sur le banc. Son regard vers se fixa sur le ciel grisâtre. Un pigeon battit des ailes et se posa sur le banc, à côté de lui. Feliks soupira légèrement alors un doux sourire se dessinait sur ses lèvres.
La neige commençait à tomber.

Il y a des légendes qui ne mourront jamais.